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Dans l'Ananaga Ranga, traité hindou de l'amour conjugal écrit au XVIe siècle par
Kallyana Malla, on dénombre dix espèces de baisers différents dont chacune à sa
propre dénomination.

1. Baiser Milita, ce qui signifie Mishrita, mélange ou réconciliation : "Si la femme
est en colère, pour tel léger motif que ce soit, elle ne baisera pas le visage de
son mari ; celui-ci devra donc imprimé de force ses lèvres sur les siennes et
tenir les deux bouches unies jusqu'à ce que sa mauvaise humeur soir passée."

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2. Baiser Sphurita (qui emporte l'idée d'arrachement et de vellication) : " La
femme approche sa bouche de celle de son mari, qui lui baise la lèvre inférieure ;
mais elle la retire aussitôt avec une sorte de mouvement saccadé, et sans lui
rendre son baiser."

3. Baiser Ghatika : "C'est la femme qui le donne ; excitée par la passion, elle
couvre de ses mains les yeux de son mari, et, fermant les siens, introduit sa
langue dans sa bouche et la remue avec un frétillement si doux, si cadensé,
qu'il donne aussitôt l'idée d'une autre et plus complète forme de jouissance."

4. Baiser Tiryak (ou oblique) : "Le mari debout derrière sa femme ou à son côté,
lui met sa main sous le menton, le saisit et le lève, jusqu'à ce qu'il fasse
regarder son visage au ciel ; il prend alors sa lèvre inférieure entre ses dents
pour la mordre et la mâcher gentiment."

5. Uttaroshtha, ou "baiser sur la lèvre supérieure" : "Lorsque la femme est
brûlante de désir, elle prend entre ses dents la lèvre inférieure de son mari, la
mord et la mâche gentiment. Lui, de son côté, fait de même à la lèvre
supérieure de sa femme. Tous deux arrivent ainsi au plus haut degré de
passion."

6. Pindita, ou "baiser d'ensemble" : "La femme saisit avec ses doigts les lèvres
de son mari, passe sa langue dessus et les mord."

7. Samputa, ou "baiser en cassette" : "Le mari baise l'intérieur de la bouche de
sa femme, qui lui rend la pareille."

7. Samputa Bis, ou "baiser en cachette" : En fermant les yeux le mari et la
femme baisent chacun l'intérieur de la bouche de l'autre.

8. Baiser Hanuvatra (Hanu, en sanscrit signifie : "mâchoire") :"On ne doit pas
donner tout de suite le baiser, mais commencer par remuer les lèvres vis-à-vis
l'un de l'autre d'une façon provocante, avec toutes sortes de petites simagrées,
de malices, d'espiègleries. Après quelques minutes de cet amusement, les
bouches se rapprochent et l'on échange le baiser."

9. Pratibodha, ou "baiser d'éveil" (ou baiser de la Belle ou Bois Dormant) :
"Lorsque le mari, après une absence de quelques temps, revient à la maison et
trouve sa femme endormie sur le tapis dans une chambre solitaire, il applique
ses lèvres sur les siennes, et augmente graduellement la pression jusqu'à ce
qu'elle s'éveille. C'est là, bien certainement, la forme de baiser la plus agréable
et qui laisse le plus doux souvenir."

10. Baiser Samaushtha : "Il est donné par la femme, qui prend entre ses lèvres
la bouche et les lèvres de son ami, et les presse avec sa langue, en dansant
autour de lui."

Mais inventer un baiser (lui donner un nom, le décrire en quelques mots) est un
art difficile mais passionnant qui en dit long sur soi et son rapport à l'autre. En
voici quelques exemples personnels, que vous pouvez compléter bien entendu
en m'envoyant
vos défintions.

11. L'arrache-coeur : Tourner sept fois sa langue dans la bouche de sa
compagne avant de lui parler d'amour. Tel est le principe de ce baiser dont
Boris Vian est l'initiateur.

12. L'autodidacte : Il est donné par l'homme, qui enfonce sa tête sous la masse
de cheveux de sa femme, à la base du cou pour y déposer un léger baiser, puis
qui remonte ensuite lentement le long du cou, les lèvres toujours collées à la
peau de la femme, jusqu'au menton. A ce moment là il relève brusquement la
tête et va déposer un tendre baiser sur le front de sa compagne. Il descend
ensuite lentement du haut du front jusqu'au nez, pour finir par un long baiser
sur les lèvres.

13. Rouge baiser : L'homme embrasse sa femme avec passion les lèvres très
dessinées, maquillées, recouvertes d'un rouge-à-lèvres épais. Il va jusqu'à les
lécher longuement pour leur enlèver tout maquillage, et prendre leurs couleurs.

14. La vérité : Ce baiser est un peu spécial. Il consiste à alterner doux baisers
sur la bouche et baisers glissant vers le menton pour le grignoter, l'énerver, le
ronger, le mordiller savamment jusqu'à le faire devenir tout rouge, et laisser
longtemps des traces visibles, sur lequel on ne peut dire que la vérité (ce qui
doit être le sens de son étrange nom).

15. Le Bécot (Bécoter, donner des bécots) : Du bout des lèvres petits baisers
courts et sonores. Incliner la tête dans un sens différent à chaque baiser
comme si l'on jouait à cache-cache. A chaque passage les nez se frottent, se
caressent tendrement.

16. L'homme passe sa langue sous la lèvre supérieure de la femme, tandis
qu'elle fait de même avec sa langue sous la lèvre inférieure de son mari, comme
pour former avec leurs deux appendices un petit x. Ils les font glisser dans un
même mouvement sur leurs dents et sous leurs lèvres. Ce baiser pour être tout
à fait agréable ne doit guère durer.

17. La Chasse au Snark : Lèvres accolées, bouche à bouche, face à face,
visages immobiles, ils lancent des petits coups de langue rapide (comme celle
d'un serpent) afin de percer la barrière plus ou moins dure des lèvres qui se
serrent et se desserent régulièrement au gré de l'humeur, du jeu, jusqu'au
moment où la passion prend le dessus, et les déborde, leurs lèvres s'ouvrent,
leurs langues se cherchent un instants, se touchent, se caressent et
s'entourent, puis s'enfoncent chacune de son côté plus profondément. A ce
moment-là les visages s'inclinent inexorablement et perdent la rigidité qui faisait
de ce baiser un excellent prémice.
(La référence à Lewis Carroll qui est à la base de l'appelation de ce baiser qui
n'a pourtant rien de Victorien, doit son origine au mot-valise anglais Snake/Dark
= Serpent Noir).

18. Baiser de l'araignée : La femme tourne le dos à l'homme. Il s'approche
d'elle par derrière, la serre dans ses bras. Elle se penche en arrière, et lui offre
son visage bouche ouverte. Il l'embrasse dans cette position, renversé. Quand
la femme sent la langue de son mari s'enfoncer dans sa bouche elle serre très
fort ses lèvres pour la garder prisonnière, le temps qu'elle parvienne à se
retourner pour lui faire face à nouveau et à cet instant seulement abandonner sa
proie, profitant de la surprise elle peut alors choisir de pointer sa langue pour la
glisser et l'introduire entre les lèvres étonnées de son amant.

19. Le palindrome (qu'on peut lire dans les deux sens).

20. Le palimpseste (qui efface un baiser précédent, concurrent en général).

21. Le pantographe : C'est la femme qui le donne. Elle s'est approchée de
l'homme, ils sont tous les deux nus, elle le fait attendre par des sourires, des
caresses. Quand elle l'embrasse enfin, exactement à l'instant ou leurs lèvres se
touchent, elle pose sa main sur le sexe de l'homme, et tout ce qu'elle va faire
avec sa langue dans sa bouche elle va le reproduire immédiatement après avec
sa main sur son sexe.

22. Baiser Boule-de-neige : Dans l'étreinte la femme s'empare du membre de
son mari et se met à le lécher, à le sucer avec ardeur, tant et si bien qu'il
éjacule. Elle garde son foutre chaud dans sa bouche, se relève lentement et se
met à l'embrasser. L'homme doit avaler son foutre. Il s'en délecte sous la
pression appuyée des lèvres de sa femme.

22 (bis) : Il existe bien entendu une version masculine de ce baiser qui porte
pour l'occasion un autre nom, on l'appelle le baiser Salé : Après avoir sucer,
lécher et mordiller longuement le clitoris et les petites lèvres du sexe de sa
partenaire, quand l'homme découvre avec délectation que la vulve de sa femme
palpite et que son vagin s'élargit et se rétrécit psalmodiquement, il tente de
garder dans sa bouche le plus possible de ce liquide visqueux qui se met alors
à filer de plus en plus abondamment. Il glisse jusqu'à sa bouche et l'embrasse
fougueusement. Le goût du mucus que secrète la femme qui jouit, qui jute, est
très agréable. Son goût âcre et salin explique bien entendu l'origine du nom de
ce baiser, variante du baiser Boule-de-neige. On voudrait réduire ces deux
baisers (qui n'en sont qu'un en fait) à leurs utilisations homosexuelles tant il est
vrai qu'il est d'abord et bien souvent utilisé ainsi. Mais ce n'est pas une raison
pour ne pas essayer dans une relation hétérosexuelle.

23. Baiser Cavalier : Quelle que soit la position choisit par le couple lors de
l'étreinte, du moment que l'homme est derrière sa partenaire, il prend le visage
de sa femme par le menton et le tourne vers lui pour y glisser sa langue entre
ses lèvres. La commissure des lèvres est ainsi chatouillée, titillée avec
délectation.

24 : La pelle ou le patin (expression commune surtout répandue chez les
jeunes où l'on dit facilement, rouler une pelle, rouler un patin, Pop. : "Baiser sur
la bouche (de patte [dial.] « chiffon »") : Les langues des deux amants tournent
l'une autour de l'autre à un rythme effreiné. Ce qui peut souvent paraître pour
un simulacre de vrai baiser (avec la langue) en opposition avec ce qui serait un
faux baiser (du bout des lèvres), peut devenir un véritable délice si l'on accepte
de sortir des sentiers battus, et que l'on rejette toute idée de compétition (à celui
qui ira le plus vite). Ce baiser est souvent un baiser de transition.

25 : Les vases communicants : Quand l'homme enfonce sa langue le plus
profondément dans la bouche de sa femme, elle place alors la sienne contre
ses dents, en réserve pour ne pas gêner son intrusion. Quand il se retire et fait
comme elle, en replaçant sa langue à la naissance de son palais, elle plonge
alors la sienne sans retenue. Le plaisir est à son comble.

26 : Le Baiser d'Annabel : "...Chaque fois que son extase solitaire l'attirait vers
mes baisers, sa tête s'inclinait doucement, en un mouvement alangui et comme
accablé, et ses genoux nus happaient mon poignet, le serraient un instant puis
relâchaient leur étreinte pendant que sa bouche palpitante, crispée par
l'amertume de quelque philtre secret, s'approchait de mon visage avec une
aspiration sifflante. Elle tentait alors d'apaiser la torture de l'amour en frottant
farouchement ses lèvres sèches sur les miennes, puis s'éloignait soudain,
rejetait ses cheveux en arrière d'un coup de tête convulsif, et revenait, toute proche et obscure, me nourrissant à sa bouche ouverte..."
(Lolita, p.474. Gallimard, coll. "Biblios" 1991).

27. Baiser d'oiseau : très léger.

28. Baiser de Judas : Perfide.

29. Baiser bizarre : Baisoter ou donner des petits baisers répétés, des bises.

30. Le Baiser du tueur (The Killer's Kiss, 1955) : un baiser en forme de
diversion comme il en existe tant d'autres (baisers qu'on rencontre
essentiellement au
cinéma, ces baisers qu'on prodigue désabusé à quelqu'un
qu'on n'aime pas pour rendre jaloux celui qu'on aime et qui vous délaisse) qui
doit son nom à une célèbre séquence à la fin du film de éponyme de Stanley
Kubrick. Vincent Rapallo (Frank Silvera), le boxeur parvient à retrouver Gloria
Price (Irene Kane) séquestré par le patron du dancing le Pleasurland, Jamie
Smith (Davy Gordon) et ses hommes de main dans un entrepôt déserté. Il les
tient en joue mais ne parvenant pas à délivrer la jeune femme de ses liens,
commande à l'un des deux acolytes de s'en charger sous la menace de son
arme, mais celui-ci en complicité avec le second à qui il vient de faire un clin
d'oeil se jettre brutalement sur la jeune femme et l'embrasse sauvagement dans
le cou comme s'il s'aprétait à lui sucer jusqu'au sang. Pendant ce temps l'autre
aveugle le boxeur en lui jetant les cartes qu'il avait gardé dans sa main.

31. Le Baiser souterrain : voir Belle du seigneur, d'Albert Cohen.

 


© Philippe Diaz

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